Les fragments d’héraclite

Osho

Osho nous dévoile la beauté de ces fragments et nous apporte une lumière nouvelle sur la pensée d’Héraclite.

Vous êtes une graine de bouddha. Il suffit de permettre aux choses de suivre leur cours naturel. Il vous est uniquement demandé de ne pas tuer la bouddhéité potentielle, d’en prendre soin, de nourrir la jeune plante et de veiller à ce qu’elle puisse se développer et fleurir. La graine n’a pas besoin de théories et de directives, elle sait ce qu’elle doit faire, toute son évolution est déjà inscrite en elle. Le potentiel de l’homme, le plan inscrit en lui dès sa naissance, est celui d’un dieu, ni plus ni moins. La conscience humaine est le premier échelon d’une nouvelle évolution qui conduit au divin. Elle doit grandir et se développer jusqu’à devenir universelle. Aucun effort n’est requis pour cela, aucun dogme, aucune science. La nature se charge de tout ! L’homme doit simplement permettre à l’évolution d’avoir lieu, être confiant et réceptif.

ISBN 978-2-940095-37-7
184 pages

Acheter sur
Amazon.fr
Fnac.com
Payot.ch

Extraits

Je suis un poète qui écrit en vous.

Quand je ne serai plus parmi vous, souvenez-vous de moi comme d’un poète, je ne suis pas un philosophe.
En disséquant la poésie, vous la tuez. Le poème n’est pas une chose à interpréter, mais à aimer. Il faut le répéter de nombreuses fois pour qu’il pénètre dans votre sang, dans vos os et se mélange à votre respiration. Alors vous en connaîtrez les nuances, les subtilités. En se mettant à vivre en vous, le poème vous transforme. Je suis un poète qui écrit en vous. L’existence ne procède pas autrement.

Si vous n’écoutez que les notes, vous ne savez pas ce qu’est la musique. Il faut entendre le silence.

Héraclite sent les paradoxes dont est faite la réalité.
Le silence permanent n’est pas très vivifiant, le son ininterrompu non plus. Le silence prend du relief sur un fond sonore, le son est magnifié quand il rompt le silence. La musique est la rencontre des deux.
La musique digne de ce nom est un processus dialectique. Le musicien crée des sons séparés par des intervalles de silence. Plus le pic est majestueux, plus la vallée est profonde. Le musicien de talent va de plus en plus haut jusqu’à un climax. Puis… le silence. Si vous n’écoutez que les notes, vous ne savez pas ce qu’est la musique. Il faut entendre le silence. Alors vous vivrez l’harmonie du yin et du yang.
Le Logos est dialectique, hétérosexuel. Il a besoin de la dualité pour se manifester. Le monde des phénomènes est dénué de signification et de mélodie si vous ne captez pas son contrepoint, la musique des sphères supérieures. En percevant simultanément le divin et le monde, vous découvrirez la magnificence de l’harmonie invisible et serez un sannyasin (un chercheur de vérité) au vrai sens du terme.

Quand un homme atteint l’éveil, tout l’univers en bénéficie.

Même les dormeurs sont les artisans et les collaborateurs
de ce qui se passe dans l’univers.
L’être inconscient n’en reste pas moins responsable. La responsabilité n’est pas individuelle, le karma n’est pas personnel. Vous participez à tout… Quand un homme atteint l’éveil, tout l’univers en bénéficie. Chaque fois qu’un être humain accomplit l’évolution de la conscience et devient un bouddha, plusieurs autres s’éveillent sans tarder… L’univers est comme une toile d’araignée. Si vous touchez un fil, toute la toile vibre. Le contact s’établit en un endroit précis, mais ne se limite pas là; l’ensemble participe à l’événement. Dans le moindre de vos actes, l’univers est impliqué. Votre responsabilité est sans limites. Toute l’histoire du monde est votre biographie.

Jouer avec des enfants vous rafraîchit, ils n’ont pas de soucis et vous aident à redevenir comme eux.

La vie est un mystère et l’homme ne possède rien, pas même une intelligence personnelle.
Essayez de comprendre, c’est un des points les plus importants de l’enseignement d’Héraclite.
Comme le poisson dans l’océan, l’homme baigne dans une conscience unique. Votre conscience et la mienne ne sont que deux centres, deux points d’une seule intelligence cosmique. En nous et autour de nous n’existe qu’une vaste énergie consciente.
Les formes innombrables reflètent cet esprit de l’univers, fondement commun de toute chose. Cela explique notre capacité d’empathie.
La gaieté est communicative, le chagrin aussi. Quand quelqu’un est triste, vous le sentez. La tristesse de cette personne se propage et entre en résonance avec le même type d’énergie en vous. Si un homme déprimé entre dans un groupe de vingt personnes, l’humeur de ces dernières peut se détériorer au bout de quelques minutes. Chaque être est un récepteur-émetteur d’ondes invisibles. Jouer avec des enfants vous rafraîchit, ils n’ont pas de soucis et vous aident à redevenir comme eux. L’énergie purificatrice qui émane des êtres sans gros ego est un bain de jouvence. Tous ces phénomènes viennent de ce que la conscience est une réalité commune.

Fais tout ce qui te plaît, même cambrioler. Je te demande une seule chose : sois conscient.

Un jour, un voleur se rendit auprès de Nagarjuna.
– Ai-je une chance de progresser, moi aussi? demanda-t-il. Je dois vous avouer que je suis un cambrioleur. Ne me demandez pas de ne plus voler, j’ai essayé de nombreuses fois sans y parvenir. J’ai fini par accepter mon destin.
– Qui te parle de renoncer à ta vie? dit Nagarjuna.
– Chaque fois que je me suis adressé à un moine, précisa le visiteur, il m’a imposé comme condition de départ de ne plus voler.
Nagarjuna se mit à rire :
– Peut-être étaient-ce des voleurs eux-mêmes, sinon pourquoi tes larcins les auraient-ils troublés? Ce que tu fais ne me regarde pas, je ne me sens pas concerné.
Ravi, l’homme s’écria
– Tu es le maître qu’il me faut, je serai ton disciple! Nagarjuna l’accepta et lui dit :
– Désormais, fais tout ce qui te plaît, même cambrioler. Je te demande une seule chose : sois conscient. Il ne s’agit pas de moi, mais de toi : quoi que tu fasses, fais-le en pleine connaissance de cause.
Au bout de trois semaines, l’homme se présenta devant Nagarjuna
– Tu as été très malin! Si je reste conscient, je ne peux pas voler. Et si je vole, je ne suis plus conscient. Je ne sais plus où j’en suis!
– Ne parlons plus de tes activités, fit Nagarjuna, elles ne m’intéressent pas. Le seul point important est de savoir si tu veux être conscient ou pas.
– L’autre jour, répondit l’homme, j’ai réussi à m’introduire dans un palais. J’y ai fracturé un coffre plein de pierres précieuses et de bijoux. J’étais comme hypnotisé ! Soudain, la fascination a fait place à une perception claire et neutre de la situation dans laquelle je me trouvais. Plus de désir, plus aucune motivation… Les bijoux, l’or m’apparaissaient comme dénués de tout intérêt. Je me sentais un bouddha. Puis, ma vision a basculé et l’avidité est revenue à l’avant-plan. Cela s’est produit plusieurs fois. Pour finir, la confusion a disparu. Je sais à présent ce que je veux.
Plus rien ne peut détourner l’homme qui a connu la paix profonde de l’état de conscience.