OSHO
La méditation est ludique
La méditation n’a rien de mental, elle est au-delà du mental. Et le premier pas c’est de jouer avec elle. Si vous jouez avec elle, le mental ne pourra pas la détruire. Sinon elle se transformera en une nouvelle ruse de l’ego; elle vous rendra très sérieux. Vous vous direz : « Je suis un grand méditant. Je suis plus saint que les autres, ils sont simplement terre à terre – je suis religieux, je suis vertueux. » C’est ce qui est arrivé à des milliers de soi-disant saints, de moralistes, de puritains : ils ne font que nourrir leur ego, de façon très subtile.
C’est pourquoi dès le début, je veux attaquer ce mal à la racine. Prenez-la comme un jeu. Chantez-la comme un chant, dansez-la comme une danse. Prenez-la comme un amusement et vous serez surpris : si vous pouvez être ludique dans votre méditation, elle se développera à pas de géants.
Mais ne visez aucun but; prenez simplement plaisir à vous asseoir en silence, savourez simplement cet acte – vous ne recherchez pas des pouvoirs yoguiques, des siddhis, des miracles. Tout cela est stupide, ce sont les mêmes vieilles ruses, jouées avec de nouveaux mots, sur un autre plan…
Telle qu’elle est, la vie doit être prise comme une farce cosmique – alors, soudain, vous vous détendrez car il n’y a aucune raison d’être tendu. Et dans cette détente même, quelque chose se met à changer en vous – un changement radical, une transformation – et les petites choses de la vie prennent un sens nouveau. Alors rien n’est petit, tout prend une saveur nouvelle, une nouvelle aura ; on se met percevoir partout quelque chose de divin. On ne devient pas chrétien, hindou ou musulman ; on devient seulement un amoureux de la vie. On n’apprend qu’une seule chose : comment vivre joyeusement.
Mais vivre joyeusement, c’est être en route vers Dieu. Dansez votre chemin Dieu, riez votre chemin vers Dieu, chantez votre chemin vers Dieu !
La méditation est votre nature
Qu’est-ce que la méditation ? Est-ce une technique qu’on peut pratiquer ? Est-ce un effort à faire ? Est-ce quelque chose que le mental peut accomplir ? Non. Rien de ce que le mental peut faire ne peut être de la méditation – la méditation est au-delà du mental; là, il est absolument impuissant. Il ne peut pas pénétrer dans la méditation; là où le mental finit, la méditation commence. Souvenez-vous de cela, car dans notre vie, quoi que nous fassions, nous le faisons par le mental; quoi que nous accomplissions, nous l’accomplissons par le mental. Alors, quand nous nous tournons vers l’intérieur, nous recommençons à penser en termes de techniques, de méthodes, d’actions, car toute l’expérience de la vie nous montre que tout peut être fait pas le mental. Oui – tout peut être fait par le mental, excepté la méditation. Car la méditation n’est pas un accomplissement – elle est déjà là, elle est votre nature. Elle n’a pas à être atteinte; elle doit seulement être reconnue, il faut seulement s’en souvenir. Elle est là, qui vous attend – il suffit de se tourner vers l’intérieur, et elle est accessible. Vous la portez en vous de toute éternité. La méditation est votre nature intrinsèque – elle est vous, elle est votre être, elle n’a rien à voir avec vos actions. Vous ne pouvez pas l’avoir et vous ne pouvez pas ne pas l’avoir. Elle ne peut pas être possédée, ce n’est pas une chose. Elle est vous. Elle est votre être.
La méditation est scientifique
La méditation est une méthode purement scientifique. En science, vous l’appelez observation, observation des objets. Quand vous allez à l’intérieur, c’est la même observation, qui effectue simplement un tour de cent quatre-vingts degrés et qui regarde à l’intérieur. C’est ce que nous appelons méditation. Aucun Dieu, aucune Bible ne sont nécessaires. Vous n’avez pas besoin d’avoir d’abord un système de croyance.
Un athée peut méditer, comme n’importe qui d’autre, car la méditation n’est qu’une méthode pour entrer à l’intérieur.
La méditation est le paradis
La méditation est un état naturel – que nous avons perdu. C’est un paradis perdu, mais il peut être retrouvé. Regardez dans les yeux d’un enfant… regardez et vous verrez un immense silence, une innocence. Chaque enfant naît avec un état méditatif, mais il doit être initié aux voies de la société – on doit lui apprendre à penser, à calculer, à raisonner, à discuter ; on doit lui enseigner le vocabulaire, le langage, les concepts. Et peu à peu, il perd contact avec son innocence. Il est contaminé, pollué par la société. Il devient une machine efficace ; il n’est plus un homme. Tout ce qu’il faut c’est retrouver cet espace. Vous l’avez connu autrefois, aussi quand vous goûtez à la méditation pour la première fois, vous êtes surpris – car vous avez le profond sentiment de l’avoir déjà connue. Et ce sentiment est vrai : vous l’avez déjà connue. Vous avez oublié. Le diamant est égaré sous des piles de détritus. Mais si vous pouvez le dégager, vous le retrouverez – il est à vous.
Il ne peut pas être vraiment perdu : il peut seulement être oublié. Nous naissons en tant que méditants, puis nous apprenons les voies du mental. Mais notre vraie nature demeure cachée profondément en nous comme un courant souterrain. Un jour, nous creuserons un peu et nous découvrirons que cette source coule encore, la source d’eau fraîche. Et la plus grande joie de la vie, c’est de la trouver.
La méditation est liberté
Si la vie se déploie naturellement, avec beauté, si personne ne vous enseigne à être négatif, s’il n’y a ni politiciens ni prêtres pour vous distraire – alors vers l’âge de quarante-deux ans, tout comme arrive la maturité sexuelle, arrive la maturité de la méditation. Vers quarante-deux ans, on commence à sentir qu’on est attiré vers l’intérieur. Vers quatorze ans, on commence à être attiré par l’autre, on devient extraverti. L’amour est extraverti ; la relation, c’est penser à l’autre. Le méditation est introvertie ; la méditation c’est penser à son propre Soi, à son propre centre.
Entre quatorze et quarante-deux ans, un changement se produit. Peu à peu on vit sa vie, on connaît l’amour, on en connaît la plénitude et la frustration, les joies et les peines, la beauté et la laideur, on sait qu’il y a des moments de grande extase, puis de grandes vallées obscures. Alors peu à peu, on se dirige vers son propre Soi, car dépendre de l’autre ne peut jamais rendre vraiment extatique. Si votre joie dépend de l’autre, elle ne possédera jamais une qualité de liberté. Et une joie qui n’est pas libre n’est pas une vraie joie. Si vous dépendez de l’autre, c’est une limitation. La joie de l’amour est momentanée. Vous ne pouvez rencontrer l’autre que par instants, puis vous êtes de nouveau séparé et vous vous effondrez. Au beau milieu de l’amour, vous vous effondrez. Pour un instant, vous vous unissez. Alors on se dit : « Y a-t-il moyen de s’unir à l’existence et de ne plus jamais s’effondrer ? »
C’est cela la méditation. L’amour, c’est de s’unir à l’existence par instants à travers une autre personne. La méditation c’est de s’unir à l’existence éternellement.
Le mot « yoga » signifie « réunir ». Ceci doit se passer au plus profond de soi. Alors il y a de la joie, de la liberté. Et aucune vallée obscure ne succède plus à la béatitude. Alors la joie est éternelle, la célébration est éternelle.
La méditation est un truc
Être silencieux est l’art le plus simple du monde. Ce n’est pas une action, c’est un non-faire. Comment cela peut-il être difficile ?
Je vous indique le chemin vers l’illumination par la paresse ! Il n’y a rien à faire pour l’atteindre, car elle est votre nature. Vous l’avez déjà. Mais vous êtes tellement occupé par vos affaires extérieures que vous ne pouvez pas voir votre propre nature.
Tout au fond de vous, c’est exactement comme en dehors de vous : il y a silence, extase, béatitude. Mais je vous en prie, soyez parfois bon avec vous-même : asseyez-vous simplement sans rien faire, ni physiquement ni mentalement. Détendez-vous, et pas à la manière américaine… car j’ai vu tant de livres américains intitulés « Comment vous détendre ? ». Ce titre montre déjà que l’auteur ne connaît rien à la relaxation. Il n’y a pas de « comment ».
Oui, c’est possible – Comment réparer votre voiture ; vous devrez faire quelque chose. Mais en ce qui concerne la relaxation, il n’y a rien à faire. Ne faites tout simplement rien. Je sais qu’au début vous trouverez que c’est un peu difficile. Ce n’est pas parce que la relaxation est difficile, c’est parce que vous êtes obsédé par l’action. Il faudra un peu de temps pour que cette obsession disparaisse.
Contentez-vous d’être, et observez. Etre n’est pas faire, observer non plus. Asseyez-vous en silence sans rien faire, en étant témoin de tout ce qui se passe. Des pensées traverseront votre esprit ; il se pourra que votre corps ressente des tensions ici ou là, vous aurez peut-être la migraine. Soyez-en simplement le témoin. Ne vous identifiez pas à cela. Observez, soyez un observateur sur la colline, et tout le reste se passe dans la vallée. C’est un truc, ce n’est pas un art.
La méditation n’est pas une science, ce n’est pas un art, c’est un truc – c’est ainsi. Tout ce dont vous avez besoin, c’est d’un peu de patience.
Les vieilles habitudes persisteront ; les pensées se bousculeront. Et votre mental est toujours à l’heure de pointe, le trafic est toujours encombré. Votre corps n’a pas l’habitude de s’asseoir en silence – vous vous tournerez et retournerez. Il n’y a pas de quoi s’inquiéter. Observez simplement que le corps se tourne et retourne, que le mental est un tourbillon, qu’il est plein de pensées – consistantes, inconsistantes, inutiles – des fantasmes, des rêves. Demeurez au centre, contentez-vous d’observer.
Toute les religions du monde ont enseigné aux gens à faire quelque chose : arrêter le processus de la pensée, forcer le corps à garder une posture immobile. C’est cela le yoga – une longue pratique pour contraindre le corps à l’immobilité. Mais un corps que l’on contraint n’est pas tranquille. Et toutes les prières, les concentrations et les contemplations de toutes les religions font la même chose avec le mental : elles le contraignent, elles ne permettent pas aux pensées de se mouvoir. Oui, vous avez la capacité de le faire. Et si vous persévérez, vous pourrez peut-être arrêter le processus de la pensée. Mais ce n’est pas une bonne chose, c’est absolument artificiel.
Quand la tranquillité vient d’elle-même, quand le silence descend sans que vous fassiez d’effort, quand vous observez les pensées et qu’arrive le moment où elles se mettent à disparaître et le silence à se révéler, c’est très beau. Les pensées s’arrêtent d’elles-mêmes si vous ne vous y identifiez pas, si vous restez un témoin et que vous ne dites pas : « Ceci est ma pensée. »
Ne dites pas : « Ceci est mal, ceci est bien », « Il devrait en être ainsi, il ne devrait pas en être ainsi ». Dans ce cas vous n’êtes pas un observateur ; vous avez des préjugés, vous avez certaines façons de penser. Un observateur n’a pas de préjugés, il ne juge pas. Il voit simplement, comme un miroir.
Quand vous amenez quelque chose devant un miroir, il reflète, tout simplement. Il ne juge pas que cet homme est laid, que cet homme est beau, il ne dit pas : « Aha ! Quel beau nez vous avez. » Le miroir n’a rien à dire. Sa nature, c’est de refléter ; il reflète. C’est ce que j’appelle méditation : vous reflétez simplement tout, dedans ou dehors.
Et je vous le garantis… Je peux le garantir parce que cela m’est arrivé, à moi et à beaucoup de mes amis : juste en observant patiemment – peut-être pendant quelques jours, peut-être quelques mois, peut-être quelques années. On ne peut pas le dire car chaque individu a sa collection personnelle.
Vous avez dû voir des gens collectionner des antiquités, ou des timbres. Chacun a une collection différente; la quantité est différente, le temps que cela prend sera donc différent – mais continuez à rester un témoin autant que possible. Et cette méditation n’exige pas un moment particulier. Vous pouvez laver le plancher et continuer silencieusement à vous observer pendant que vous le faites.
Je peux bouger ma main inconsciemment, sans l’observer, ou je peux la bouger en pleine conscience. Et cela fait une différence qualitative. Quand vous la bougez inconsciemment, c’est mécanique. Quand vous la bougez avec conscience, il y a de la grâce. Même dans la main, qui fait partie de votre corps, vous sentirez un silence, une fraîcheur – que dire du mental ? Grâce à votre observation incessante, peu à peu le trafic des pensées diminue. Des moments de silence apparaissent ; une pensée arrive, puis il y a un silence avant qu’une autre pensée n’apparaisse. Ces intervalles vous donneront un premier aperçu de la méditation, et la première joie d’arriver à la maison.
La méditation est une purification
Quoi que vous fassiez, faites-le avec une profonde vigilance ; alors même les petites chose deviennent sacrées. Faire la cuisine ou nettoyer devient sacrés ; cela devient une adoration. L’important n’est pas ce que vous faites, mais comment vous le faites. Vous pouvez nettoyer le sol comme un robot, mécaniquement; vous devez le nettoyer, alors vous le faites. Mais vous passez à côté de quelque chose de très beau. Vous gaspillez ces instants en vous contentant de le nettoyer. Nettoyer le sol aurait pu être une grande expérience ; vous êtes passé à côté. Le sol est nettoyé mais quelque chose qui aurait pu se passer en vous ne s’est pas passé. Si vous aviez été conscient, non seulement le sol aurait été nettoyé, mais vous auriez ressenti une profonde purification. Nettoyez le sol en pleine conscience, lumineux de conscience. Travaillez, restez assis, ou marchez, mais maintenez ce fil continu : faites que des moments de votre vie de plus en plus nombreux deviennent lumineux de conscience. Que la flamme de la conscience brûle à chaque instant, dans chaque acte. L’illumination, c’est leur effet cumulatif. Tous ces moments mis ensemble, toutes ces petites flammes rassemblées, deviennent une grande source de lumière.